13 août 2006

J6 - Rencontres au lac Manzala

Pour cette journée, nous avions beaucoup hésité. Le plan (du routard) était en apparence simple : prendre un bateau qui relie port-Saïd à Al-Matarya, de l'autre côté du lac Manzala et retour en minibus. Ce qui nous faisait peur, c'est qu’aucun autre guide ne nous parlait de cela... et que nous n'avions pu trouver personne pour nous aider et nous en dire plus sur cette « excursion » …
Départ. C'est donc à l'aventure la plus totale que notre journée a débuté, tout d'abord en essayant de faire comprendre à un taxi que nous allions à la « station Lynch » ou gare des bateaux (ce que nous avons appris que bien plus tard). Une fois dans le taxi, nous avons pris la direction des quartiers disons... populaires. Je dois avouer que de nous voir s'enfoncer au milieu des HLM dans des zones ou à l'évidence peu de touristes avait mis les pieds, je n'étais pas rassuré. Finalement, le taxi nous dépose au bord du lac.. mais n'allez pas vous imaginer un endroit de rêve ! Même si les bateaux sont chouettes, les rats courent au milieu des détritus qui s'amoncellent entre la route et le lac.


Embarquement. Après une vérification de nos passeports (pourquoi ? Est un lieu sensible ?), nous nous dirigeons vers ce qui semble être le quai. En fait nous ne savons pas trop quoi faire! Le lieu n'est pas touristique, donc pas de guichet. Et puis c’est le début de la « magie ». Des vieux pécheurs me disent de venir nous asseoir avec eux. Aucun ne parle anglais, sauf un qui connait quelques mots. Pour la première fois ce n'est pas pour nous soutirer quelques livres que des gens nous adressent la parole. Clairement notre présence les interroge et ils veulent communiquer avec nous. Au début, ils me croient anglais. Mais une fois les choses mises au point, on commence à ressentir la chaleur humaine des pays musulmans. On nous dit les prix que l'on va payer dans le bateau, le minibus au retour... Je prends quelques photos. Les gens sont très fiers d'être photographiés et m'interpellent eux aussi pour être pris en photo. C’est complètement fou et peut être la première fois que je vis une telle situation.


Un bateau fini par arriver, plus crédible comme taxi que celui auquel nous pensions. Nous montons. De nouveaux livrés à nous-mêmes sans trop savoir où se mettre, à qui payer, que dire, ou regarder... C'est le début des sourires qui répondent aux situations dont on ne comprend rien...et ce n'est pas fini !


Trajet. Au départ sur le bateau, nous étions environ six personnes. Deux jeunes (dont une fille) et des hommes, probablement des personnes qui travaillent sur le bateau ou des pêcheurs.

Tous sont très surpris de nous voir sur le bateau et on se sent littéralement dévisagé... Petit à petit une ils essayent de nous parler, de nous offrir du thé (très bon d'ailleurs) puis de fumer une chicha... Nous mettons une heure à partir... et toujours personne ne vient nous voir pour payer. Le lac n'est pas vraiment une étendue d'eau inerte et plate. Cela ressemble à des marécages avec des sortes de gros nénuphars très feuillus qui envahissent le lac (ce sont apparemment des jacinthes d’eau, un vrai fléau dans cette région). Résultat, par endroits la navigation se fait comme dans une rivière avec des « feuilles » qui nous encerclent. Sur les rives et au milieu, des pêcheurs habitent dans des maisons de fortune sans eau ni électricité... cela va de soi. Les éléphants jouent ou regardent les bateaux passer tandis que les vaches se baignent dans les jacinthes.

Partout le poisson est omniprésent (filets, bateaux de pêche qui s'affairent...). Plus le trajet avance, plus le nombre de bateaux qui s'attachent au ferry devient important. En effet, pour rentrer au port, quoi de mieux quand le vent est faible que de se faire traîner par un bateau à moteur !

Petite vidéo pour la vue depuis le toit du bateau.

Les pêcheurs restent dans leur bateau et mangent, ce changent, se lavent ou viennent sur le ferry boire un thé et fumer la chicha.

A chaque fois, nous sommes l’attraction et on nous pose toujours les mêmes questions. Mariés ? (toujours avoir des bagues – même si elles ne sont pas de véritables bagues de mariage) Français ? Vous allez Al- Matarya ? Pourquoi ai-je un piercing a l’arcade sourcilière ? On nous montre le poisson, nous demande de prendre une photo... Bref c'est de la folie vu que l'on ne comprend rien ou presque.

Peu avant l'arrivée, Mohamed, un jeune qui était là au départ du bateau, me demande si on veut voir sa famille et rentrer en minibus en même temps que lui à Port-Saïd. Son anglais très mauvais mais je comprends et on le suit dès notre arrivée à Al Matarya.


Al Matarya. Du village de pêcheurs, nous ne verrons guère que le bord du lac avec une succession de bateaux tous plus colorés les uns que les autres, des ruelles en terre avec des animaux qui se baladent et quelques aperçus de la vie locale avec la construction des bateaux.

Mohamed nous amène chez Fathi, son oncle qui tient un petit bar.
Passée la surprise de voir ici, il nous offre du jus de fruits, nous parle pêle-mêle de Nasser et Sadate (les précédents présidents Égyptiens) dont il a des photos à côté de sa télé, puis c'est le début des photos avec son téléphone portable, il nous monte ses sonneries... On fait de même et c'est assez sympa ! Finalement le numérique à cet avantage de la convivialité, même entre personnes qui ne se comprennent pas ! Après avoir refusé plusieurs fois, j'accepte de fumer une chicha. Tous les regards se tournent vers moi (10 ou 15 paires d'yeux ca impressionne !) Mais ça va je maîtrise ! Des têtes essaient de passer sous les portes pour nous apercevoir. Le bruit a vite couru qu'il y avait deux français ici !
Nous changeons de maison. Cette fois on nous emmène chez autre oncle qui est clairement plus érudit. Il parle un peu anglais ce qui permet de discuter.
Sur son ordinateur (hé oui même ici il y a des PC avec Windows XP!) Il nous montre les photos de Al-Matarya, nous fait écouter des musiques arabes et nous montre des vidéos marrantes récupérées sur Internet. Avec nous, deux autres oncles de Mohamed et par moments d'autres personnes qui frappent à la porte pour entrer. Il donne de l'argent à l’un de ses neveux pour nous acheter du poisson. 15 minutes plus tard, c'est devant une table pleine et improvisée que nous prenons notre repas de midi (il doit être 16h) délicieux !


Les discussions se poursuivent mais nous commençons à fatiguer. L’attention que demandent de telles rencontres est impressionnante !

Retour. Nous inquiétant de l’heure, nous insistons pour reprendre le minibus vers Port-Said. On nous propose de rester dormir mais nos bagages sont à l’hôtel nous commençons à nous sentir un peu gênés devant tant de gentillesses que nous ne pourrons jamais rendre ! Mohamed nous balade une dernière fois dans le village. Tout le monde veut être pris en photo. C’est complètement dingue !!




Oh! les beaux poissons!

Exténués mais aux anges après une telle journée de partage et de rencontres, nous rentrons vers Port-Said en minibus par une route qui longe le lac, sous un ciel rougit par le soleil qui s’éclipse. Des versets assourdissants du Coran diffusés par l'autoradio emplissent le silence qui règne dans le bus ou s'endorment les pêcheurs qui rentrent à Port-Said.

La mère. Nous croyant rentré, c’est un autre aventure qui commence ! Mohamed nous demande de la suivre chez sa mère. Comment ne pas accepter ?! Banlieue. Rangée d’immeubles de type soviétiques, tous identiques. Taxi qui semble rouler dans un labyrinthe ou tout se ressemblerai. Appartement moite et quelques mètres carrés, surchargés par les meubles, où vivent vraisemblablement toutes les personnes de la famille. Les femmes sont voilées (seuls les yeux sont visibles) et je n’ai pas le droit de leur serrer la main ni de les prendre en photo. On nous offre un coca-cola et de quoi manger. Comment remercier ?
La curiosité est extrême et ils sont très fiers nous avoir chez eux ! Une voisine arrive et nous offre… un CD de Madonna ! Coïncidence à quelques jours du passage de sa tournée à Paris ou je ne serai pas !!

Retour à l’hôtel. Nous rentrons finalement vers minuit à notre hôtel, encore sous le coup d’une journée qui restera à jamais hors du temps pas son intensité si exceptionnelle. Comme le dit l’adage populaire, ce sont bien les plus pauvres qui donnent le plus…

Principales dépenses de la journée (pour 2 personnes):
Taxi: 7 LE
Bateau: 7 LE (5LE/pers. trajet+ 2LE/pers. pour le thé)
Bus: 10 LE/pers.
Taxi: 10 LE
Hôtel: 50 LE

>> Vers J7 - Vers Alexandrie

1 Commentaire(s):

  • Le mercredi, 22 novembre, 2006, Anonymous Anonyme a écrit...

    hello, merci pour votre site;
    je suis très preneur de photos de ce lac.

    NDLR je m'amuse à écrire un livre policier sur l'egypte & le canal de suez en 1869. Jamais mis les pieds en Egypte.

    prevenez moi..

    phil_fourfree@yahoo.fr

     

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